Avec Nadège Tissier
D’Interpol à la traduction financière, il n’y a qu’un pas…
Pour ce nouvel épisode du podcast Translate, nous avons interviewé Nadège Tissier pour parler de traduction financière. Nadège est traductrice financière depuis plus de 20 ans et formatrice pour Edvenn (dans cette formation). Elle a également travaillé pour Interpol, mais cela, vous le découvrirez dans le podcast…
Avec Nadège, nous avons un peu parlé du marché de la traduction financière. Et nous avons BEAUCOUP parlé du quotidien d’un traducteur financier. Quelle est sa journée type ? Quels sont ses temps forts ? Quels sont les pièges à éviter ? Quelles sont les bonnes pratiques à adopter ? Attention, cet épisode est une mine d’or pour tous ceux qui envisagent une reconversion professionnelle dans ce métier. Nadège Tissier est absolument passionnée et cela s’entend. Vous allez découvrir un témoignage animé, incarné et drôle. Elle partage sa vision de la profession tout en prodiguant de nombreux conseils pratiques. Quand c’est nécessaire, elle prend un pas de recul et s’autorise un regard critique sur sa profession avec beaucoup de sincérité. Bref, on adore cet épisode qui va vous faire rencontrer une personne inspirante et vous permettre de découvrir un métier peu connu et pourtant indispensable à de nombreuses entreprises.
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Cet épisode est le 4e de la série de podcast Translate imaginée et produite par Edvenn, l’organisme de formation dédié à la traduction. Pour réécouter les anciens épisodes, c’est par ici 👇
👩🎓 Réussir sa reconversion professionnelle en tant que traductrice avec Éléonore Lovillo — Épisode 01
🧭 Développer son activité en tant que traducteur indépendant avec Gaële Gagné — Épisode 02
⚙️ Découvrir le point de vue d’une agence de traduction sur la traduction technique avec Nicolas Desbordes — Épisode 03
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Découvrir la formationRésumé de l’épisode
La journée type du traducteur financier Le marché de la traduction financière, ses clients, sa saisonnalité et ses délais
De 03:19 à 05:35 & de 19:15 à 22:52
Sur le marché de traduction financière, il y a deux grands types de clients possibles : les agences de traduction (généralistes ou spécialisées en traduction financière) et les clients directs avec une multitude d’acteurs : les entreprises (direction financière, direction juridique, direction des achats ou de la communication) ou encore tous les intermédiaires qui accompagnent le développement des entreprises (banques, cabinets d’avocats, cabinets d’expertise comptable, auditeurs, sociétés de placement, sociétés d’investissement…).
Il y a beaucoup de besoins en traduction financière et encore peu de traducteurs qui se lancent dans ces carrières. En France, le traducteur vient le plus souvent d’une formation que je qualifierais de littéraire. Il a plutôt travaillé sur les mots. Dès lors, se retrouver face à des chiffres, des ratios, des équations ou des bilans, cela peut faire peur !
Nadège Tissier
Les entreprises cotées ont une obligation légale de publication de leurs résultats dans les quatre mois qui suivent leur exercice. Dans la pratique, elles les publient le plus souvent entre mars et mai. C’est une période où la charge de travail du traducteur financier est très élevée. Il travaille alors 12 à 15 heures par jour.
Par ailleurs, le marché de traduction financière offre de plus petits volumes que d’autres secteurs et se caractérise par des demandes de rendus à très court terme.
En traduction technique ou en traduction médicale, très souvent, on traduit des projets qui comportent des millions de mots sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Le traducteur organise alors son travail comme il l’entend dans cet intervalle. La traduction financière, c’est tout sauf ça ! Les délais sont, en moyenne, de 3 à 5 jours et souvent de moins de 24 h ! Cela donne un quotidien dynamique et rythmé. Il n’y a pas de phénomène de lassitude.
Nadège Tissier
Le portrait-robot du traducteur financier
De 05:45 à 08:05
C’est d’abord quelqu’un qui doit être réactif et en capacité d’absorber une certaine pression. Il travaille sur des délais courts, et avec des interlocuteurs en finance qui peuvent être sous pression car ils manipulent des données importantes.
Le traducteur financier doit aussi être en mesure de livrer un travail de qualité, en mobilisant ses compétences techniques en finance d’une part et en démontrant ses qualités de rédaction d’autre part.
On a trop tendance à croire que la traduction financière ce sont des tableaux de chiffres et rien d’autre. Pas du tout ! On rencontre très souvent des documents très rédigés et qui demandent des qualités rédactionnelles assez importantes.
Nadège Tissier
Enfin, il faut aussi être curieux, s’intéresser au monde qui nous entoure.
La traduction financière, c’est un monde où interagissent un tas de facteurs exogènes qui viennent se cumuler et qui sont d’ordres économique, politique, stratégique, géopolitique, social, environnemental, industriel…
Nadège Tissier
La journée type du traducteur financier
De 08:05 à 19:08
En traduction financière, tu t’engages non seulement pour le lundi, mais pour le lundi à 9 h. Si à 9 h 02, tu n’as pas livré. Le client t’appelle pour te demander où est sa traduction. Le respect des délais, c’est impératif.
Nadège Tissier
En traduction financière, il y a bien souvent des délais en tout début de journée avec des rendus dès 9 h. La journée de travail démarre alors beaucoup plus tôt. Nadège raconte comment elle s’organise pour préparer toutes ses traductions la veille et repasser une dernière fois ses contenus en relecture, le matin, avant de les renvoyer pour 9 h.
Après 9 h, le premier « rush » de la journée est passé. S’ensuit alors une période plus calme d’une heure environ. C’est le moment idéal pour organiser sa journée en établissant des priorités, par exemple.
Après la pause de la mi-journée, tout s’accélère notamment si l’on a, comme Nadège, beaucoup de clients outre-Atlantique.
Les missions du traducteur financier : traduction, relecture et post-édition
De 10:27 à 19:08
Tout au long de la journée, le traducteur financier change régulièrement de casquette. Il jongle entre des travaux de rédaction qui vont faire appel à sa plume, des travaux de relecture de ses propres productions, de la révision de traductions réalisées par d’autres traducteurs ou encore des missions de post-édition.
La relecture de ses propres travaux est un prérequis. Il est impensable, pour le traducteur financier, d’envoyer un premier jet à son client. La révision de travaux réalisés par des confrères représente une part non négligeable du travail de Nadège.
Cela permet de s’exposer au style d’un autre traducteur, de voir les endroits sur lesquels lui a pu faire des imprécisions, des faux sens, des maladresses de style ou, au contraire, de découvrir une terminologie qui est bien maîtrisée, bien mise en contexte, et dont on pourra s’inspirer dans ses propres traductions par la suite.
Nadège Tissier
Le troisième grand exercice dans le métier de traducteur financier, c’est la post-édition, c’est-à-dire retravailler un texte produit par une machine. La traduction automatique s’est imposée sur le marché américain depuis maintenant une vingtaine d’années, mais elle est arrivée en France beaucoup plus récemment, il y a dix ans pour les plus avant-gardistes ! Elle ne s’est généralisée que depuis 3 ou 4 années.
Si la qualité de rendu s’avère encore un peu « chaotique » sur les domaines les plus rédactionnels, il faut reconnaître que la traduction automatique devient de plus en plus efficace. Elle représente à la fois des opportunités et des risques pour le traducteur.
Sur certains points, l’humain ne pourra jamais rivaliser avec la machine. Là où un ordinateur surpuissant traduira un document de 50 000 mots en 1 heure, le traducteur, aura besoin de trois semaines de travail sur le même volume. Mais à la fois, il y a plein de potentialités dans la post-édition. Le cerveau humain reste encore indispensable pour interpréter l’environnement culturel, les non-dits dans le discours, l’implicite. L’avantage, c’est que l’on est libéré de l’exercice laborieux de la saisie. On peut alors se concentrer sur la remise en contexte ou l’amélioration du style qui sont des missions plus sympas !
Nadège Tissier
Comment filtrer les demandes entrantes en tant que traducteur financier ?
De 24:52 à 36:13
En tant que traducteur financier, il n’est pas recommandé d’accepter un nouveau projet sans l’avoir évalué. Comment ? En demandant à consulter le texte au préalable, quitte à signer un engagement de confidentialité, pour anticiper d’éventuelles difficultés et ajuster le délai de livraison communiqué au client.
Un traducteur débutant traite environ 2 000 mots par jour. Au bout d’une longue carrière comme la mienne, on fait aisément 3 000 mots dans la journée. Donc, si un client arrive avec une demande de 6 000 mots pour le lendemain matin, à 9 h, clairement, vous ne pouvez pas la prendre en charge tout seul !
Nadège Tissier
Faites préciser la destination du document : est-il à usage interne ou est-il destiné à un large public ? Le niveau de qualité demandé ne sera pas le même, et cela jouera sur les délais nécessaires à sa traduction.
Si votre projet est une révision, assurez-vous de savoir quel est le profil de celui ou celle qui a produit le contenu : est-ce un traducteur professionnel ou pas ?
Un bon relecteur qui passe derrière un bon traducteur peut relire 10 000 mots dans une journée. Lorsqu’on relit une traduction approximative faite par un non-spécialiste, on descend à 5 000 mots dans la journée.
Nadège Tissier
De même avec les missions de post-édition : tous les moteurs de traduction ne se valent pas. Or, le temps que vous passerez sur un tel projet dépend de la qualité de rendu de ces moteurs. C’est pourquoi il est impératif de demander un échantillon de contenu traduit par la machine afin de réaliser un devis pertinent.
N’hésitez pas à négocier avec votre client si l’échantillon est de mauvaise qualité. Préférez un tarif à l’heure et non plus à un tarif au mot pour être rentable !
Nadège Tissier
Comment entretenir son réseau en tant que traducteur financier ?
De 44:27 à 48:23
Il est important de s’entourer de traducteurs spécialisés évoluant dans la même branche que soi.
C’est important de pouvoir compter sur d’autres traducteurs financiers auxquels on va pouvoir se référer lorsqu’on a des problèmes de traduction. Et puis, autre grand intérêt d’avoir un réseau de confrères, c’est lorsque le client arrive avec 6 000 mots à traduire en moins de 24 h. Il m’arrive fréquemment de solliciter un collègue avec lequel je vais partager le travail. Il n’y a rien de plus frustrant que de perdre un dossier parce qu’on n’est pas capable de le satisfaire en termes de volume ! Bien entendu, il faut pouvoir ensuite relire le travail du confrère pour harmoniser les différentes parties. Cela introduit une dimension de gestion de projet qui peut être une source de diversité pour le traducteur.
Nadège Tissier
Il faut aussi aller à la rencontre du monde de l’entreprise pour se familiariser avec la vie économique.
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Un conseiller formation Edvenn vous contactera sous 48 h pour répondre à vos questions et vous guider.
Être appeléÀ bientôt pour un nouvel épisode du podcast dédié à la traduction Translate !